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SVEINSSON Aubin, 30 ans

Aubin, le doux médecin.
Voilà comment on pourrait le présenter en une phrase simple et brève pour ceux ne l'ayant pas encore rencontré : un homme plein de bonnes intentions et doté d'un talent incommensurable.
Car talentueux ça il l'est. Un véritable génie dont le potentiel a fait son apparition très tôt.

Ce jeune prodige a vu le jour dans des montagnes dont la neige était la souveraine, au sein d'une modeste famille de paysan vivant de la culture de leurs champs et de leurs chèvres. Un endroit que l'on ne désignerait pas en premier du doigt pour parler du lieu de naissance d'un futur génie.
Deuxième enfant de la famille, cadet d'une grande sœur et aîné de deux petits frères, Aubin était un enfant joyeux aimé de sa fratrie. Sa grand-mère le désignait d'ailleurs souvent par le surnom affectueux de son petit lutin des neiges, principalement en raison de son visage fin et de ses pupilles dans lequel on pouvait croire voir la neige danser au-dessus d'un lac gelé.

C'est très jeune que les prémices de son destin se manifestèrent.
Rapidement, Aubin témoigna d'une capacité d'assimilation très développé lui permettant de retenir non seulement tout ce qu'il voyait ou lisait, mais également ce qu'il entendait, sentait ou encore goûtait.
Une curiosité sans limite s'était rapidement développé chez lui. Il voulait tout connaître, tout comprendre, tout savoir. Il souhaitait explorer les moindres parcelles de ce monde, en découvrir tout les secrets jusqu'à ce que sa soif de découverte soit apaiser. Mais comment calmer une telle avidité dans un lieu si modeste ? Voilà la question que se posèrent rapidement ses parents. L'idée que leur fils reprendrait un jour la ferme familiale n'était maintenant même plus envisageable à leurs yeux, ils savaient et voyaient bien qu'il était destiné à faire bien plus. Il devait quitter le gîte familiale pour s'ouvrir à de nouveaux horizons.

Et c'est ainsi qu'Aubin quitta ses montagnes pour rejoindre l'une des plus grandes villes du pays.
Armer de son seul sac dans lequel se trouvait une lettre de recommandation écrite par le curé de son village, il devait se rendre jusqu'à la demeure d'un riche homme connu pour son immense sagesse et pour posséder une intelligence et une connaissance égalant largement les plus grands philosophes et scientifiques connu à ce jour. Ce dernier était une connaissance du religieux dont la lettre devrait lui ouvrir la porte de cette demeure.

On ne peut pas dire que le premier contact entre ces deux hommes fut des plus chaleureux.
Il se trouvait que le vieil homme était d'un naturel grognon et quand on lui annonça qu'un jeune garçon venu de la campagne souhaitait s'entretenir avec lui, il repoussa tout d'abord cette requête d'un geste de la main avant de retourner à ses affaires. Mais c'était sans compter sur la farouche détermination d'Aubin qui, dès le lendemain matin, revint soumettre sa requête au maître de maison qui une fois de plus la refusa.
Cela dura pendant pas moins de deux semaines. Deux semaines au cours de laquelle la détermination du garçon ne flancha pas un seul instant et où la curiosité du vieil homme était de plus en plus titiller par cet étrange enfant insistant à ce point pour simplement s'entretenir avec lui.
Et c'est à la suite de longues insistances qu'Aubin obtenu cet entretien.
Nul ne sait ce que ces deux personnages se dirent dans le bureau de l'homme, mais ce dernier en ressortit en déclarant d'une voix ferme qu'on prépare une chambre pour Aubin et que désormais, il demeurerai ici.

Ainsi maître et élève furent réunis.

Les années s'écoulèrent et au fil du temps se noua entre ces deux êtres une confiance absolu et une loyauté sans faille.
Le vieil homme, que l'on appellera désormais par son nom : Adalmar, appréciait son disciple pour sa grande curiosité, sa détermination à vouloir étendre son cercle de connaissance sans jamais s'en fatiguer, son agréable compagnie, son sourire rieur, sa simplicité et sa sérieuse implication dans son travail. C'est d'ailleurs ainsi que vous décrirons la majorité des personnes ayant connu Aubin si vous leur demandez de vous racontez ce personnage.
Aubin lui appréciait son maître pour sa personnalité flamboyante -à ses yeux, il resplendissait tel un soleil éclatant de sagesse-, mais également pour la générosité de son âme. Grâce à lui, il acquit un nombre si important de connaissance qu'il en serait presque venu à égaler celles du vieil homme, devenant ainsi un homme doté d'une grande culture et d'une intelligence à toute épreuve.

Les années s'écoulèrent.
Le frêle garçon qui était arrivé dans cette demeure était devenu un charmant jeune homme désormais et exerçait la profession de médecin dans la ville, tout en poursuivant ses études aux côtés d'Aldamar.
Mais toute bonne chose à une fin et un soir de novembre en fut la preuve.

Tout ce déroula rapidement, ce terrible soir de novembre.
Alors qu'ils étudiaient ensemble de nouveaux documents reçu dans la journée par le vieil homme, des soldats entrèrent et empoignèrent violemment Adalmar avant de l'entraîner vers la sortie sans un mot et sous le regard totalement impuissant de son disciple.
Lorsque celui-ci trouva enfin la force de bouger, ils étaient partis.
Il rendit visite à son maître qu'on avait mené en prison et y découvrit la raison de son arrestation : ses opinions et ses idées n'étaient pas appréciées par le royaume qui, s'étant rendu compte de l'influence qu'il possédait- avait tout bonnement décidé de l'éliminer.
Considérer comme traître à sa nation, il fut exécuter deux jours plus tard devant les yeux remplit de larmes d'Aubin.

Le concernant, les hautes sphères n'avaient pas décidé de le laisser en paix, cela aurait été trop facile, et après tout, il s'agissait tout de même l'élève d'un homme ayant fait circuler des idées trop libertaires à leur goût et plaidant l'harmonie et l'égalité entre tout les peuples, ce qui en cette période de colonisation était très mal vu de ces hautes personnes.
Ainsi Aubin fut-il envoyé de force sur ce nouveau territoire colonisé en tant que médecin au service de l'armée.

Se retrouvant plonger dans une ambiance et des idées qu'il ne cautionnai en aucun cas, le médecin n'avait plus qu'à se faire discret concernant ses opinions politiques qu'il garde désormais pour lui, sinon au risque de finir comme son vieux maître.
Aubin est donc ce médecin chaleureux et compréhensif pour ses patients dont il prend le plus grand soin ; ce collègue et camarade rieur mais au regard parfois pourtant si mélancolique ; cet homme parfois un peu trop curieux par rapport aux actions de l'armée vis à vis des sauvages ; l'ancien élève d'un homme exécuté pour ses idées en tant que traître à la nation.

 

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