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DAYANAND Yulian, 24 ans

Je suis un homme qui se prénomme Dayanand Yulian. Dans mes veines coulent du sang païen pourtant, du haut de mes vingt-quatre ans je fais parti des colons.

Je n’ai jamais cherché à avoir le pardon de mon peuple ainsi que de mes dieux. Peut-être car j’ai toujours eu conscience que je ne devais me faire pardonner de personnes, ou bien car je paye déjà le prix de ma trahison. Mon regard droit et pourtant si vide, moi-même je sais de quoi il a l’air au nombre de fois qu’on me l’a décrit. Au son de leurs voix tremblantes ou parfois basses, je peux deviner le leur quand ils me découvrent. Un regard sûrement effrayé et parfois attristé. Je sais que certains sont prit de pitié et tente alors de me tendre une main que je suis incapable de saisir. Pas que je ne suis pas capable de la voir, mais je suis surtout incapable d’être traité comme un enfant. Solitaire, c’est un trait qui me définit. Je suis même indépendant. J’ai appris à vivre parmi les miens sans me mêler à eux tout en étant aveugle. Oui, je ne vois pas le monde et cela depuis que je suis né. Mais si auparavant mon handicap me poussait à être sensible et pleurnichard aujourd’hui c’est ce même handicap qui a masqué mon visage de trait glacé. Froid et distant, je n’aime pas l’humain pourtant je ne suis pas dérangé de me dévoiler à lui : Me mettre nu, le laisser me toucher ou même lui faire part d’une vie que je n’ai pas voulu. Je sais ce que je vaux, ce qui prouve la confiance que j’ai en moi. Par là, je veux dire que je ne suis pas contre l’idée d’être observé et de donner des informations sur moi car je sais que quoiqu’il arrive, personne ne pourra lire à travers mes yeux ce que l’on aime appeler âme.
Je pense qu’au travers mon discours j’ai plutôt l’air de quelqu’un d’étrange et mystérieux. En fait, c’est souvent l’impression que je donne mais je suis loin de l’être car je me dévoile souvent trop vite pour qu’on puisse s'intéresser longtemps à moi. Trop sincère sûrement. Mais à quoi bon mentir quand on peut dire la vérité ? Même si celle-ci blesse, je sais que je ne pourrais pas être blessé. Je dois être ce type d’homme insensible et indifférent que personne n’arrive à apprécier réellement car tout ce qui a l’air de l'intéressé c’est le bout de son nez. En fait, oui, je dois sans doute être un poil narcissique et donc égoïste. Enfin, pour ce qu’il s’agit de l’égoïsme, je n’en fais pas qu’un peu preuve. Mais, ça n’a rien d’étonnant quand on me “connait”.
Ma manière de pensée est plutôt réaliste bien que je me dois d’être inventif au quotidien pour essayer de visualiser le monde. J’ai parfois entendu des enfants parler des couleurs. Voilà une chose que j’aimerai pouvoir connaître. Je discerne les formes, les volumes, les espaces, les distances. Seulement la couleur n’est discernable que par le biais de la vue. En soit ce n’est pas quelque chose de très important car je vis très bien sans les connaître mais bien que j’ai une réticence avec l’humain, je suis porter sur la découverte. J’aime apprendre, comprendre, savoir. C’est grâce à cette envie d’en savoir toujours plus que je suis devenu quelqu’un de réfléchis bien que je sois toujours un peu lent. Pourquoi être pressé après tout alors que l’on peut prendre son temps ? Il est vrai que je suis quelqu’un de calme ainsi que imperturbable mais ce qui est vrai aussi c’est que j’ai aussi des défauts et surtout des faiblesses. Pour commencer, je suis aveugle ce qui est une faiblesse à ne pas négliger bien qu’avec le temps j’ai développé mon ouïe pour combler ce monde si sombre qui m’entours ce qui fait de moi quelqu’un de faible. C’est sans doute à cause de ça que je me tiens à l’écart de l’humain. Je ne veux pas que l’on joue avec moi, je ne veux pas être à la portée de quelqu’un. Pourtant, si ça ne concerne que moi, il est indéniable que je ne manque pas de courage et bien que je sois quelqu’un de fidèle, il n’est pas improbable que je change de camp.

Je pense qu’après ce que je viens de relever sur moi, il est facile de penser que j’ai changé de côté. Oui, c’est ce que j’ai fait. Moi fils indien d'une petite famille, j’ai trahis les miens. Enfants, j’ai souvent été objets de sympathie ainsi que de pitié. Pourtant, je n'ai pas échappé aux railleries des autres enfants ou même à l'incompréhension des adultes. Mon père, chasseur de la tribu était rarement présent alors il est vrai que je passais le clair de mon temps avec ma maternel. Une femme douce et empathique. C’est une bonne mère, et une femme respectable. Cependant, son fils n’est pas digne du sang qu’elle lui a transmis.
C’est ce que je pense à chaque fois que je pense à toi, mère. Je me dis que toutes les tendresses dont tu m’as couvert ne sont finalement rien de plus que le fruit de ta gentillesse que jamais je ne pourrais te rendre. Je sais que tu avais confiance en moi, que tu espérais de tout ton coeur que je surpasse l'obscure frontière qui nous sépare et que je devienne quelqu’un dont tu pourrais être fière, mais les choses se sont passé différemment malheureusement. Je sais que tu ne m’entendras pas, pourtant je voulais te dire que là où je suis je pris tout les jours pour toi, pour ta survie. Je sais que tu es fragile, que tu souffres de mon absence sans en comprendre le pourquoi du comment. Je sais que les plus grands te cachent la vérité car eux-mêmes savent que je suis un monstre dont tu finiras par haïr l’existence ce qui viendrait à te haïr car tu es l’origine de ma naissance. Une part de moi aimerait que tu sois au courant de ce que je suis, du traître que j’ai été et que je serais à jamais. Mais, si tu savais maman à quel point je suis faible face à lui. J’ai dit que je fuyais l’humain de peur de m’y attacher. Toi même tu m’avais mise en garde des colons, mais je l’ai trouvé si différent de toutes les personnes que j’ai pu rencontrer. Je sais, j’ai sans doute été trop curieux mais pouvait-on réellement m’en vouloir d’avoir voulu apprendre à connaître quelqu’un ?

Je ne sais pas si j’aime cet homme, je ne sais même pas si je suis capable d’aimer. Même ma propre mère je ne l’aimais pas assez pour pouvoir lui rester fidèle. Mais, toujours est-il que cet homme, ce colon, j’avais envie de lui parler, de rester avec lui ainsi que le toucher. Habituellement, je préfère ne pas discerner l’homme dans ce monde, le laisser vivre tel un esprit errant dans le paysage incolore de mes pensées, mais lui, je voulais réussir à le visualiser, réussir à le comprendre et réussir à me faire apprécier à ses yeux.Avant de le rencontrer j’ai toujours été quelqu’un avec un semblant de fierté. Mais, il est celui qui m’a trouvé en premier. Il est celui qui a posé en premier son dévolu sur moi. Oui, il m’a capturé pour faire de moi son pion contre les miens.

Père, toi qui étais si bon chasseur, cet homme serait sans doute capable de te rivaliser. Je détestais la chasse alors je n’ai jamais vraiment écouté ce que tu pouvais bien me dire à ce sujet mais le jour où je me suis retrouvé lié au mur de ce lieu sombre et humide, j’ai compris que si j’avais été plus attentif à tes paroles, j’aurais sans doute pu être plus attentif à ce chasseur. Mais tu te demandes comme tel une adolescente j’ai pu commencer à me prendre d’affection pour cet homme je suppose. Oui, moi aussi je me le demande parfois. Mais peut-être car bien que je fuyais l’homme, j’aimais en avoir un minimum de sympathie et de compassion. Cependant, c’est quelque chose de normal sachant que je suis moi aussi un humain.
Ce qui n’est pas humain c’est d’abandonner tout ce que en quoi on croyait pour une personne qui prend plaisir à voir le visage de sa victime se tordre sous la douleur.
Oui, peut-être que je devrais demander votre pardon, mais pourtant j’ai la sensation que je ne suis pas celui à blâmer. Après tout, je souffre aussi de cette question de pardon qui m'assaille chaque petite seconde que je pensais paisible.

 

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